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LES ORGANOMÉTALLIQUES
I- PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Victor Grignard découvrit, autour de 1900, que les halogénures d’alkyle et d’aryle réagissent avec le
magnésium métallique pour donner des solutions homogènes. Ces travaux ont été le point de départ de
l’utilisation des réactifs organométalliques en synthèse organique. Les « réactifs de Grignard» se révélèrent
être des nucléophiles carbonés réactifs et continuent depuis lors à être très utiles en synthèse. Les réactifs
organolithiens ont eu une application en synthèse un peu plus tard. Au cours de ces vingt cinq dernières
années, l’utilité des réactions impliquant des ions métalliques et des composés organométalliques s’est
considérablement étendue. Certains métaux de transition, comme le cuivre, le palladium et le nickel, ont
accédé à des places importantes en méthodologie de synthèse. Outre l’apport des réactifs pour la synthèse
organique, l’étude systématique des réactions des composés organiques avec des ions et complexes
métalliques a permis de créer un grand nombre de composés organométalliques, dont beaucoup possèdent
une structure et une réactivité uniques. Dans ce chapitre, nous présenterons quelques exemples
d’organométalliques des groupes IA et IIA et nous verrons le rôle de quelques métaux de transitions en
synthèse organique.
I-1- Liaison carbone-métal
Les organométalliques sont des composés dans lesquels un atome de carbone est directement lié à un atome
de métal; leur formule générale est de type :
C Métal
R
R^2
R^1
Les métaux étant des éléments plus électropositifs que le carbone, cela entraîne une polarité de la liaison
carbone-métal qui place une forte densité électronique sur le carbone.
C M
δ− δ+
Cette liaison carbone-métal présente est représentée par :
Cette distribution électronique est responsable du fort caractère nucléophile et de la basicité élevée de ces
composés.
I-2- Exemples de formules - Nomenclature
• Lorsque le métal est monovalent (exemple (Li, Na, K, ...), la formule de l’organométallique s’écrit
simplement R-M. Exemple : R-Li (organolithien).
• Lorsque le métal est divalent (exemple : Ca, Mg, Zn, ... ), on distingue :
• Les organométalliques symétriques R-M-R et,
• Les organométalliques dissymétriques ou mixtes R-M-X (ou X est un halogène).
Exemple: R-Mg-X (organomagnésien mixte).
II- LES ORGANOMÉTALLIQUES DES GROUPES IA ET IIA
Les composés du lithium et du magnésium sont les plus importants des organométalliques des groupes IA et
IIA (colonnes 1 et 2 du tableau périodique). Les métaux de ces deux groupes sont les plus électropositifs de
tous les éléments.
Préparation
a) Action des halogénures sur un métal
La réaction du magnésium ou du lithium métallique avec un halogénure d’alkyle ou d’aryle dans l’éther
diéthylique (oxyde de diéthyle) est la méthode classique de synthèse des réactifs de Grignard et des
organolithiens.
RX + Mg RMgX RX + 2Li RLi^ +^ LiX
R-Br + R'Li
L’ordre de réactivité des halogénures est RI > RBr > RCl
b) Echange entre halogénure et un composé organométallique (échange halogène-métal)
RLi + R'-Br Ar-Br + BuLi Ar-Li^ +^ BuBr
RC CH
Ordre de réactivité des halogénures : R-I > R-Br > RCI
c) Métallation (échange hydrogène-métal)
- R'Li RC C Li + (^) R'H
- (^) R'MgBr RC C
- NaNH 2
RC CH MgBr +^ R'H RC CH RC C Na + amidure de sodium
NH 3
Bien qu’elle soit d’une utilité limitée pour la synthèse d’autres types de Grignard, la métallation est un
moyen important de préparation d’une large gamme de composés organolithiens.
d) Echange métal-métal
Cette méthode est très utile pour la synthèse des composés organolithiens. La réaction entre deux composés
organométalliques évolue dans le sens du déplacement du métal le plus électropositif sur la position du
carbone le plus acide.
Les échanges entre les composés organostanniques et les réactifs organolithiens ont une grande portée en
synthèse.
CH CCH 2 OTHP BuSnH C C Bu 3 Sn
H CH 2 OTHP
H
BuLi (^) C C Li
H CH 2 OTHP
H
A- LES ORGANOMAGNÉSIENS
Les organomagnésiens répondent à la formule générale R-Mg-X. Ils sont communément appelés réactifs de
Grignard. Ils sont obtenus par action d’un métal sur un dérivé halogéné RX dans un solvant éthéré anhydre
sous atmosphère inerte. Le solvant éthéré solvate le magnésium de l’organomagnésien.
RX Mg éther R MgX
Et (^) OEt
Et^ O Et
Cette réaction est dans la plupart des cas exothermique. Si R : C=C , la réaction se fait dans le THF à très
basse température.
A-l- Réactivité
Les organomagnésiens réagissent sur la plupart des fonctions sauf sur les double et triple liaisons carbone-
carbone et les éthers. Par contre, ils réagissent sur les éthers cycliques (époxydes). Pour les composés ayant
plusieurs fonctions, le MgX est transféré sur un atome plus électronégatif.
RMgX + C O
R^1 R^2 R^1 C R^2
OMgX
R
A-2- Propriétés chimiques
Les propriétés chimiques des organomagnésiens peuvent s’interpréter en utilisant la formule simplifiée
C M
δ− δ+ 3
. La polarisation de la liaison traduit l’aptitude à la formation potentielle de carbanions
, d’où des propriétés :
• Basiques: action sur tous les composés à hydrogène mobile (arrachement du proton)
• Nucléophiles : substitution nuc1éophile SN sur des liaisons σ polarisées RX et addition nucléophile sur les
liaisons π fortement polarisées de type C=O.
A-3- Propriétés basiques
a) Force de la base
est une base extrêmement forte. Le pKa du couple est de l’ordre de 50 à 60 selon la nature de
R. On comprend aisément que agit sur tout composé à hydrogène mobile.
CH 3 MgX + A X
ROH
R-NH 2
R-COOH
CH 4 + A MgX
b) Applications
b1) Action de l'eau
R'MgX + H 2 O RH + MgOHX 1/2 MgX^2 +^ 1/2 Mg(OH)^2
Cette réaction justifie que la synthèse de l’organomagnésien doit se dérouler en milieu totalement anhydre
afin d’éviter sa destruction dès sa formation.
b2) Action des alcynes vrais
Cette réaction est importante en synthèse car elle conduit à un nouvel organomagnésien acétylénique.
RC CH +^ R'MgBr RC^ C^ MgBr^ +^ R'H
b3) Dosage de Zérévitinov
Lorsqu’on utilise le CH 3 MgX comme organométallique, l’alcane formé CH 4 est gazeux. Le dégagement
gazeux constitue :
• un test qualitatif d’un composé à hydrogène mobile,
• un dosage volumétrique.
Exemples : alcools, amines (Ire et IIre), acides carboxyliques, amides (Ire et IIre).
A-4- Propriétés nucléophiles
A-4-1- Substitution nucléophile
Bien que l’alkylation des composés paraisse offrir une méthode de synthèse générale pour la formation de
liaison carbone-carbone, la portée de cette réaction est en fait assez limitée.
Comme conséquence de cette réaction nous avons la réaction de Wurtz.
Réaction de Wurtz
Lors de la formation de l’organomagnésien, il est nécessaire d'avoir toujours le magnésium en excès par
rapport à RX sinon la réaction de duplication de Wurtz devient importante, ce qui diminue le rendement de la
réaction.
+
RMgX 2 RX
2 RX
RX R-R
R-R
R-R
A-4-2- Addition nucléophile (AdN)
A-4-2-1- Addition nucléophile sur la double liaison C=O
La réaction entre un réactif de Grignard et un composé carboné met en jeu l’addition du réactif sur le
carbonyle. On représente souvent l’état de transition de l’addition des réactifs de Grignard sous forme d’un
cycle constitué du groupe carbonyle et de deux molécules du réactif de Grignard. On dispose de nombreuses
preuves en faveur de ce mécanisme qui met enjeu un complexe trimoléculaire.
C O
R'
R'
Mg^ R X
O
R
R'
R'
Mg X
R
Mg X
C O
R'
R'
R Mg R + (^) MgX 2
a) Fonction carbonyle
Le groupement carbonyle est très polaire et réactif:
C O
R
R C
R
R
C^ δ+ O^ δ- R
R
O on le note
La réaction se produit en deux étapes :
• AN en solvant éther anhydre
C O
R^2
R^1
R MgX + C O R^2
R^1
R MgX (halogénure d'alcoolatemagnésium)
- Hydrolyse en milieu acide dilué
C O
R^2
R^1
R MgX H^2 O H
C OH
R^2
R^1
R + MgXOH
Cette réaction permet la synthèse des diverses classes d’alcools.
R MgX +
méthanal
aldéhyde
cétone
C O
H
H
C O
R^1
H
C O
R^2
R^1
R CH 2 OH
CH OH
R^1
R
C OH
R^2
R^1
R
Alcool Ire
Alcool IIre
Alcool IIIre
Des réactions secondaires se produisent parfois lorsque les substrats sont des cétones stériquement
encombrées.
Enolisation
L’énolisation de la cétone est parfois une réaction concurrente. L’énolate n’étant pas réactif vis-à-vis de
l’addition nucléophile, on a la cétone inchangée après hydrolyse. L’énolisation est le plus sérieusement
compétitive lorsque l’addition est retardée par des facteurs stériques.
RMgX +^ CH^3 CH^2 C O
C(CH 3 ) 3 CH 3 CH C C(CH 3 ) 3
OMgX
+ RH
Réduction
Les additions de Grignard sont sensibles aux effets stériques et, avec des cétones encombrées, on observe un
processus concurrent impliquant la réduction du groupe carbonyle et faisant intervenir un état de transition
cyclique similaire à celui de la réduction de Meerwein-Pondorff-verley.
R^ R^ R
C O
R
C C
H
Mg R C OMgX + C^ C H
L’importance de cette réaction augmente avec le volume stérique de la cétone et du réactif de Grignard. La
réduction concurrente peut être minimisée dans des cas gênants en utilisant le benzène ou le toluène comme
solvant.
b) Fonctions dérivées des acides carboxyliques
Citons :
C O
Cl
R
C
O
R OR'
R C
O
O
R C
O
C O
Z
R (^) δ+ δ-
chlorure d'acyle ester^ anhydride d'acide forme générale
On a exclu les acides carboxyliques et les amides possédant un hydrogène mobile. Cette réaction se fait en
deux étapes :
• Première étape: addition-élimination
C O
Z
R 1
R MgX (^) + C O Z
R 1
R MgX C^ O R 1
R 1
R MgX R
Le composé obtenu est instable à cause des deux groupements attracteurs, il se stabilise par perte de ZMgX.
La cétone se formant dans le milieu réactionnel, au contact de l’organomagnésien, subit à son tour une
addition nucléophile décrite précédemment.
• Deuxième étape : hydrolyse en milieu acide dilué.
H 2 O
H
C O + MgXOH
R^1
R MgX R
C OH + H
R^1
R
R
Intérêt : cette méthode conduit à la synthèse d’alcools tertiaires très encombrés.
Lorsque la réaction des organomagnésiens avec le chlorure d'acide en excès est menée à basse température,
Elle conduit à la formation d’une cétone. On doit contrôler les conditions de la réaction pour éviter la
formation d’un alcool tertiaire en ajoutant le réactif de Grignard à la cétone à mesure qu’elle se forme.
CH 3 CH 2 CH 2 C
O
Cl (^) + CH 3 (CH 2 ) 5 MgBr
CH 3 CH 2 CH 2 C
O
(CH 2 ) 5 CH 3
92%
c) Synthèse des acides carboxyliques : Action du dioxyde de carbone :
Cette réaction a lieu en deux étapes comme les réactions précédentes.
R MgX (^) + C (^) O O
AdN R CO O MgX H 2 O H
C MgXOH + (^) H
O
R OH +
halogénure de carboxylate magnésium
Remarque : si on utilise un excès de RMgX par rapport à CO 2 , il peut se produire une double addition.
H 2 O
H
C
O
R O MgX R^ MgX^ R C
OMgX R
O MgX (^) R C
OH
R
OH +^ MgXOH gem-diol instable
- H 2 O C O
R
R
A-4-2-2- Action avec l’orthoformiate de triéthyle : obtention des aldéhydes
C H +
EtO EtO EtO
R MgX C H
EtO R EtO
C
O
R H
orthoformiate d'éthyle (^) acétal stable
L’étape d'addition est précédée de l'élimination de l'un des groupes alcoxy, pour générer un carbone
électrophile. L’élimination est favorisée par le fait que l’ion magnésium joue le rôle d’un acide de Lewis.
L’acétal formé est stable dans les conditions de synthèse mais est hydrolysée en aldéhyde au contact d'une
solution aqueuse acide.
A-4-2-3- Action sur les époxydes
a) Cas des époxydes symétriques
R MgX O R^ CH^2 CH^2 OMgX^ H^3 O R^ CH^2 CH^2 OH + MgXOH + H
- La première étape se produit selon un mécanisme S (^) N 2.
- La seconde étape consiste en une hydrolyse acide.
Intérêt : cette réaction permet la synthèse d’alcools avec un gain de deux carbones.
b) Cas des époxydes dissymétriques
L’action d'un organomagnésien est régiosélective. Le contrôle cinétique suppose l’attaque par , du
carbone le moins substitué donc le moins encombré.
R MgX O^ CH^3 R CH 2 CH CH (^3)
H 2 O
H
OMgX (^) R CH 2 CH OH + MgXOH CH (^3)
A-4-2-4- Action sur les amides
- Avec les amides primaires
Ces réactions sont beaucoup plus lentes que la plupart des réactions de Grignard et les rendements varient
considérablement avec la nature du substrat.
2 CH 3 MgBr + (CH 3 ) 2 CHCH 2 CONH 2 éther
- CH 4 (CH^3 )^2 CH^ CH^2 C
OMgBr NHMgBr
CH 3 H^3 O^ (CH^3 )^2 CH^ CH 2 C
O CH 3
• Avec les amides tertiaires
Les amides bisubstituées conduisent aux alcools tertiaires ou aux cétones selon les conditions opératoires. On
peut obtenir des cétones par action des organomagnésiens sur les amides tertiaires à basse température.
R' MgX R^1 C O
N
R
R
+ R' C
R^1
O
N
R
XMg^ R
H 2 O
H
R' C
R^1
O
N
R
R
H
C
O
R' R^1 + H N
R
• Avec le formamide
Avec un formamide, l’alcool obtenu est secondaire et symétrique. Les formamides dérivés d’amines très
basiques peuvent conduire à des aldéhydes.
C
O
H N (^) + RMgX
hydrolyse
hydrolyse
CH
OH
R
H C R
O
R
Mais à chaud et avec un excès de magnésien, on peut obtenir des amines tertiaires.
C
O
H N + RMgX H C
R
O
N
Mg X
R MgX H C
R
N
R
A-4-2-5- Addition nucléophile sur la triple liaison CN : obtention des cétones
R' MgX
H 2 O
H
RC N + C N
R
R'
MgX C NH R
R' H 2 O
C O
R
R'
Mécanisme
R' MgX
H 2 O
H
RC N C^ N
R
R'
MgX C NH R
R'
C O
R
R'
H
C NH 2
R
R'
H^ O H
R C
R'
O
NH 2
H H
R C
R'
O
NH 3
H
H +^ +^ NH 3
+
Il faut utiliser le nitrile n’ayant pas de H mobile en α de CN, sinon il peut se mettre sous sa forme tautomère
et réagir avec l’organomagnésien.
RCH 2 C N RCH C NH R'^ MgX^ RCH C N MgX + (^) R'H
A-4-2-6- Action des organomagnésiens sur les composés α,β-insaturés
Avec les cétones α,β-insaturées, on a une addition 1,2 ou une addition 1,4 (addition de Michaël). Le produit
provenant de l’addition 1,4 étant majoritaire. Les aldéhydes conduisent également au mélange de produits
d'addition 1,2 et 1,4. Mais les aldéhydes peuvent conduire uniquement au produit d’addition 1,4 si nous
avons une forte conjugaison.
1- RMgX 2- H 3 O
CH 3 CH CH C
O
CH 3
CH 3 CH CH C
OH
CH 3
R
CH 3 CH
R
CH 2 C
O
CH 3
addition 1,
addition 1,4 ouaddition de Michaël
(25%)
(75%)
A-4-2-7-Action sur les isocyanates
Les isocyanates aryliques additionnent aisément les organométalliques pour former des amides.
(CH 3 ) 2 CHMgCl (^) + C 6 H 5 N C O^ éther H 3 O
C 6 H 5 NH C
O
CH(CH 3 ) 2
isobutyranilide
A-4-2-8- Réaction avec des éléments autres que le carbone
a) Action du dioxyde de soufre
RMgX + SO (^2)
H 3 O
R S
O
OH
(acide sulfinique)
b) Action du dioxygène : Préparation des peroxydes
RMgX
H 3 O
- O O R O OMgX R O OH + MgXOH
Si on a un excès de RMgX, l’hydroperoxyde réagit sur le magnésien pour donner un alcool.
R O OMgX RMgX^2 R O MgX H^3 O 2 R OH + MgXOH
c) Action du diiode
Cette réaction illustre encore le caractère nucléophile des organomagnésiens.
RMgX +^ I 2 RI +^ 1/2 MgX^2 +^ 1/2 MgI^2
B- LES ORGANOLITHIENS
B-l- Définition
Les organolithiens répondent à la formule générale R-Li. Ils sont obtenus de façon similaire que les
organomagnésiens. Une méthode utile de préparation des organolithiens fait intervenir un échange métal-
métal.
B-2- Propriétés chimiques
La réactivité des réactifs organolithiens est généralement similaire à celle des réactifs organomagnésiens. Ils
sont moins gênés lorsqu’ils agissent sur les carbonyles; d’où leur utilisation dans la synthèse d’alcools
tertiaires très encombrés.
B-2-1- Action avec le dioxyde de carbone
RLi + (^) CO 2 H^3 O RCOOH
B-2-2- Action avec les cétones et aldéhydes
Les organolithiens réagissent avec les aldéhydes et les cétones pour donner les alcools.
RLi
C O^ H^3 O
R^2
R^1
+ C
R^1
R^2
OH
OH
B-2-3- Action sur les composés carbonylés α,β -insaturés
R
1- RMgX 2- H 3 O
R^1 CH CH C
O
Ar
R^1 CH CH C Ar 2- H 3 O OH
R^1 CH R
CH 2 C
O
CH 3
1- RLi
CH CH
R
R^1 C Ar OH
+
majoritaire (75%) minoritaire (25%)
B-2-4- Réaction avec les dérivés d'acides carboxyliques
Les organolithiens réagissent avec les sels d’acides carboxyliques, les chlorures d’acides ou des anhydrides
d’acides pour donner des cétones.
R COOH CH^3 Li^ R COOLi^ CH^3 Li^ CH 3 C
OLi R
OLi H^3 O C O
R CH 3
B-2-5- Action sur les doubles liaisons éthyléniques
Contrairement aux organomagnésiens, les organolithiens réagissent avec les doubles liaisons éthyléniques.
Les oléfines simples agissent à haute pression et donnent différents composés par la longueur de leur chaîne.
CH 2 CH 2 RLi^ LiCH 2 CH 2 R LiCH 2 CH 2 CH 2 CH 2 R
La position de la lithiation est déterminée par les acidités relatives des hydrogènes disponibles et par l’effet
orienteur des groupes substituants. Les hydrogènes allyliques et benzyliques sont assez réactifs face à la
lithiation du fait de la stabilisation de résonnance des anions résultants.
OCH 3 OCH 3
Li OCH 3 éther, 30°C^ Li 2h
+
majoritaire (^) minoritaire
C C
H OCH 3
H
- (^) tert-BuLi HC^ COCH^3 H (^) H (^) Li
THF
0°C
S
Dans les composés hétérocycliques, le site privilégié pour la lithiation est habituellement celui adjacent à 1
hétéroatome.
THF, 30°C
1h S^ Li
C- LES ORGANOSODIQUES
Les organosodiques réagissent de la même manière que les grignards mais plus vigoureusement. De plus, ils
réagissent avec l’éther par un SN 2 et doivent donc être préparés dans des solvants hydrocarbonés. Même
ainsi, leur réaction avec les halogénures à partir desquels ils sont préparés (duplication de Würtz) est
beaucoup plus rapide que les grignards correspondants qui demandent des techniques spéciales pour les
obtenir.
R Na + C^ X^ R C + NaX
Le phénylsodium se prépare facilement:
PhCl 2 Na^ PhNa + NaCl
C’est un bon agent de sodation des composés à H mobiles
Ph CH 3 + PhNa Ph CH 2 Na + (^) Ph H
Les composés aliphatiques sont moins stables et plus réactifs; leur préparation est moins courante.
Ils décomposent les étheroxydes :
C 2 H 5 OC 2 H 5 R^ Na^ C 2 H 5 ONa (^) + RH + C 2 H 4
O
- R Na CH 2 CH CH 2 CH 2 ONa + (^) RH
Et s’additionnent aux liaisons doubles éthyléniques
Ph CH CH 2 R^ Na^ Ph CH Na
CH 2 R
III- LES DÉRIVÉS ORGANOMÉTALLIQUES DU GROUPE IIB
Dans cette section, nous présenterons les dérivés organométalliques du zinc et du cadmium. A l’état
d’oxydation +2 ces métaux du groupe IIB possèdent la configuration électronique d^10. La couche d étant
remplie, l’état d'oxydation +2 est très stable et la plupart des réactions ne provoquent pas de modification du
degré d’oxydation.
La réactivité des organométalliques des groupes IIB ressemble davantage à celle des organométalliques des
groupes IA et IIA qu’à ceux des organométalliques des métaux de transition dont la couche d est incomplète.
Cependant, les métaux IIB sont moins électropositifs que les métaux IA et IIA, de sorte que la nucléophilie
des organométalliques est bien moindre que celle des organolithiens et des organomagnésiens.
A- LES ORGANOZINCIQUES
A-l- Préparation
Les organozinciques peuvent être préparés par réaction de réactifs organomagnésiens (réactifs de Grignard)
ou d’organolithiens avec des sels de zinc. Ils peuvent être préparés à partir d’halogénures organiques par
réaction avec le zinc métallique hautement réactif.
2 RI + 2 Zn ZnI 2 +^ R 2 Zn
Br CH 2
A-2- Réactivité
Les composés organozinciques sont moins réactifs. Ils réagissent avec les chlorures d’acides mais pas avec
des esters. La principale réaction des organozinciques est la réaction de Reformatsky.
Réaction de Reformatsky :
C’est la réaction d’un carbonyle (aldéhyde ou cétone) traité par un ester α-bromé en présence de zinc.
C
O
C
R^1 R^2 R^1
CO 2 Et Zn^ BrZn CH 2 CO 2 Et R^2 CH 2 CO 2 Et OZnBr H 2 O
C
R^1
R^2
OH
CH 2 CO 2 Et H^3 O^ C CH
R^1
CO 2 H + H 2 O^ + (^) EtOH R^2
Cette réaction donne après hydrolyse acide un ester β-hydroxylé. Le produit obtenu se déshydrate en acide β-
éthylénique en milieu acide. Celui-ci peut perdre par chauffage une mole de CO 2.
Les énolates de zinc préparés dans les conditions de Reformatsky subissent des réactions d’addition avec les
nitriles. Les produits initiaux sont des esters β-amino-α,β-insaturés qui peuvent s’hydrolyser spontanément
en β-cétoester.
R CH
Br
CO 2 C 2 H 5 +^ R'CN^ Zn^ C^ C
R
C 2 H 5 O 2 C NH 2
R' H 2 O
R CH C
O
R'
C 2 H 5 O 2 C
La combinaison Zn/CH 2 Br 2 /TiCl 4 donne lieu à un réactif organométallique appelé réactif de Lombardo. Il
convertit les cétones en groupe méthylènes. Le réactif actif présumé être une entité dimétallatée qui
s’additionne sur la cétone sous l’influence de l’acidité de Lewis du titane. Le groupe méthylène est ensuite
créé par élimination β.
CH 2 Br (^2) + 2 Zn Br Zn CH 2 Zn Br
C
O
R R
C
H 2 C
R
O
R
Zn Br
Ti Cl Cl Cl
C
CH 2
R R
TiCl 4
LES ORGANOCADMIENS
B-l- Préparation
Les composés organocadmiens peuvent être préparés à partir de réactifs organomagnésiens ou de composés
organolithiens par réaction avec des sels de cadmiens (II).
CdCl 2 + 2 RMgX R 2 Cd^ +^ 2 MgXCl
CdCl 2 + 2 RLi R 2 Cd + 2 LiCl
Ils peuvent également être préparés directement à partir des halogénures d’alkyle et d’aryle par réaction avec
un cadmien métallique fortement réactif obtenu par réduction des sels de cadmien (II).
B-2- Réactivité
La réactivité des organocadmiens est comparable à celle des organozinciques correspondants. L’application
la plus courante des composés organocadmiens a été la préparation des cétones par réaction avec les
chlorures d’acides. Les organocadmiens ne régissent pas avec les cétones et les esters.
CdR 2 + 2 R'COCl 2 C O
R' R + CdCl (^2)
IV- LES DÉRIVÉS ORGANOMÉTALLIQUES DES MÉTAUX DE TRANSITION
LES ORGANOCUIVRÉS OU ORGANOCUPRATES
Contrairement aux réactions impliquant le lithium et le magnésium, où les réactifs sont utilisés en quantité
stœchiométriques, une bonne part des réactions impliquant des métaux de transition s’avèrent être des
processus catalytiques.
IV-1- Préparation
Les composés organocuivrés résultent de la réaction de réactifs organolithiens avec des sels de cuivres.
RLi + Cu(I)X RCu + LiX
2 RLi + Cu(I)X
3 RLi + Cu(I)X
[R 2 CuLi] + LiX
[R 2 CuLi 2 ]^ +^ LiX
Les espèces de proportion 2 : 1, appelées cuprates, ont été fréquemment utilisées comme réactifs de synthèse.
On peut préparer les réactifs organocuivrés 1 : 1 directement à partir d’un halogénure et de cuivre métallique
fortement réactif obtenu par réduction des sels de cuivre (I) avec du naphtalénure de lithium.
IV -2- Réactivité
Le développement de la chimie des composés organocuivrés a mis un grand nombre de nouvelles réactions
importantes à la disposition des chimistes travaillant dans le domaine de la synthèse. Les progrès sont dus à
l’étude de l’effet catalytique des sels de cuivre sur les réactions des réactifs de Grignard avec les cétones α,β-
insaturées. En présence d’une quantité catalytique de sels de cuivre [Cu(I)], la réaction aboutit à une addition
conjuguée.
CH 3 CH CH C
O
CH 3
- CH 3 MgBr/CuI
- H 2 O/H
CH 3 CH CH 2 C CH 3
CH 3 O
Les réactions les plus importantes des organocuprates sont des substitutions nucléophiles sur les halogénures et les sulfonates, l’ouverture des cycles des époxydes, les additions conjuguées sur les
composés α,β- insaturés et les additions sur les acétylènes
IV-2-1- Les réactions de substitution nucléophile
Cette réaction de substitution des halogènes est plus générale et donne de meilleurs rendements que les
substitutions au moyen des réactifs de Grignard ou de réactifs lithiens.
RX +^ (CH^3 )^2 CuLi^ RCH^3 +^ CH^3 Cu(I)^ +^ Li^ +^ X
Les halogénures allyliques donnent à la fois des produits S N 2 et des produits S N2’
Le processus de substitution SN2’peut mettre enjeu une coordination initiale sur la liaison double.
R 2 Cu(I) +^ CH 2 CH^ CH 2 X R 2 Cu(I)
CH 2 CH CH 2 X
R 2 Cu(III) CH 2 CH CH 2 + (^) X RCu CH 2 CH CH 2 + RCu(I) + (^) X
IV-2-2- Ouverture des époxydes
Les époxydes saturés sont ouverts avec un bon rendement par les dialkylcuprates de lithium. Le groupe
alkyle est introduit sur le carbone le moins encombré du cycle époxyde.
CH 3 CH 2
O + (CH
3 )^2 CuLi^ CH 3 CH 2 CH OH
CH 2 CH 3
IV-2-3- Les réactions d'addition conjuguée
Les organocuprates mixtes réagissent avec les énones conjuguées. Ils donnent des réactions d’addition 1,
communément appelées addition de Michael.
R 2 CuLi (^) R 1 CH CH C hydrolyse O
+ R 2 R^1 CH
R
CH 2 C
O
R 2
Plus le composé est facile à réduire, plus il est réactif vis-à-vis des cuprates (cas des cétones et des
aldéhydes).
Les esters et les nitriles α,β-insaturés ne sont pas aussi facile à réduire que les cétones correspondantes, il ne
réagissent pas spontanément avec les dialkylcuprates. Les esters ont un comportement limite vis-à-vis des
dialkylcuprates standard.
IV-2-4- Addition sur les acétylènes
Les esters acétyléniques conjugués régissent spontanément avec les cuprates, l’addition syn. étant favorisée
du point de vue cinétique.
R 2 CuLi CH 3 C C COOCH 3 hydrolyse acide
C C
CH 3 COOCH 3
R H
+
TD No^ 1 : ORGANOMÉTALLIQUES
Exercice 1
L’action du chlorure de benzyle magnésium sur le méthanal conduit après hydrolyse acide à la formation de
trois produits.
CH 2 MgCl
- CH 2 =O
- H 3 O
CH 2 CH 2 OH
+
CH 2 CH 2 OH CH^3
+
CH 2 OH CH^2 OH
A : (5-8%) B : (60-65%)^ C : (30-50%)
Proposer un mécanisme pour expliquer la formation de ces différents produits.
Exercice 2
Le traitement par le bromure d’éthylmagnésium d'une cétone encombrée comme le 2-méthyl-l-
phénylpropan-one A conduit après hydrolyse à trois composés :
A qui semble ne pas avoir réagit (voie 1) ; le 2-méthyl-l-éthyl-l-phénylpropan-l-ol B (voie 2) et le 2-méthyl-
3-phénylpentan-3-ol C (voie 3).
On observe par ailleurs, lors de la réaction entre la cétone et l’organomagnésien, un dégagement gazeux.
Justifier la formation de C par un mécanisme. Quelle est la nature de la transformation de A en B.
Exercice 3
Compléter les réactions suivantes, en indiquant les mécanismes.
C 6 H 5 2 CH 3 Li^ A COOH
O 1/ BrCH 2 COOEt, Zn^ H,^ Δ 2/ H 3 O B KOH^ [C] H 2 O, - CO 2
D, C 11 H (^20)
- C^6 H^5 COOH
SOCl2 (^) E (C^6 H^5 )^2 Cd^ F
Exercice 4 Compléter en justifiant vos réponses (en proposant des mécanismes) Cl-(CH 2 ) 3 -C (^) N (^) reflux du xylèneC^6 H^5 MgBr A^ C^6 H^5 MgBr / H^2 O N
C 6 H 5 C 6 H (^5) H Exercice 5 Le bromure d’allylmagnésium réagit sur l’acroléine (ou propèn-2-al) pour donner, après l’hydrolyse, un produit unique A. Le chauffage de A conduit à B, qui est réduit par C 6 H 5 Li en un produit C. Le chauffage de C en présence de traces d’iode conduit à D, C 12 H 14. Donner les structures des produits A à D et les mécanismes réactionnels de chaque étape sauf la dernière.
Exercice 6 Compléter l’enchaînement réactionnel suivant
1- O^ 1- BrZnCH^2 CH=CHCO^2 CH^3 2- H 3 O^ A^
2CH 3 Li B
BrMg OEt C 1- H2- H^2 , Pd/C^ D
O
O
MgBr (^) HCl, H 2 O 2- F
Les réactions concertées
LES RÉACTIONS CONCERTÉES
I- GÉNÉRALITÉS
I-1- Définition
Les réactions concertées sont des réactions dont les processus sont à étape unique. Le mot «concerté»
signifie qu’il y a un seul état de transition et donc qu’aucun intermédiaire n’intervient dans le processus. A
l’état de transition, la création et la rupture de liaisons se déroulent en même temps. Ces réactions sont
regroupées dans une catégorie de réactions appelée réactions péricycliques.
I-2- Réactions péricycliques
Une réaction péricyclique est caractérisée par une modification des relations entre liaisons sous forme d’une
réorganisation concertée continue des électrons. Les réactions péricycliques passent par des états de
transition cyclique. Les réactions de cycloaddition font partie de cette classe de réactions.
I-3- Mécanisme des réactions péricycliques
La compréhension du mécanisme des réactions péricycliques est due à Woodward et Hoffmann qui ont
admis que les propriétés de symétrie des orbitales directement mises en jeu déterminaient le déroulement de
ce type de réactions.
I-4- Règles de Woodward et Hoffmann
Les règles de sélection des réactions de cycloaddition peuvent être déduites de l’étude de l’aromaticité de
l’état de transition. Pour les cycloadditions [4+2] suprafacial-suprafacial, l’état de transition est aromatique.
Pour les cycloadditions [2+2], le mode suprafacial-suprafacial est anti-aromatique tandis que le mode
suprafacial-antarafacial est aromatique.
Les règles généralisées de Woodward et Hoffmann pour la cycloaddition sont résumées ci-dessous :
Règles de sélection pour les cycloadditions m+n
m+n Supra-supra Supra-antara Antara-antara
4n Interdite Permise Interdite
4n+2 Permise Interdite Permise
Les réactions concertées
II-LES RÉACTIONS DE CYCLOADDITION
Les réactions de cycloaddition aboutissent à la formation d’un nouveau cycle à partir de deux molécules
mises en réaction. Le mécanisme de ces réactions est un processus concerté. Un mécanisme concerté
nécessite qu’un état de transition unique; Au Cours de ces réactions, il n’y a donc pas d’intermédiaires
réactionnels caractérisables par ses propriétés chimiques ou physiques.
On peut citer deux exemples importants de cycloaddition se déroulant habituellement selon un mécanisme
concerté:
• La réaction de Diels-Alder
X X^ X
+
• La cycloaddition dipolaire
B C
A
X
B
A
C X
A
C
B
X
+
Soient deux polyènes conjugués de p et q atomes de carbones respectivement. On appelle cycloaddition
[p+q], la réaction de cyclisation résultant de la création de deux liaisons simples C1-C1’et Cp-Cq, formation
accompagnée de la disparition concomitante de deux doubles liaisons.
1 2
1'
- (^) 2' cycloaddition [2+2]
3 4
5' 6'
1 2
3' 4'
1' 2'
1'
3 4
1 (^2) +
cycloaddition [4+2]
cycloaddition [4+6
Les cycloadditions [4+2] sont connues sous le nom de réactions de Diels-Alder.
Les réactions concertées
A- LA RÉACTION DE DIELS-ALDER
A-l- Caractéristiques générales
La cyclocondensation des diènes et des alcènes (diénophiles) est une méthode très utile de formation de
cyc1ohexènes substitués. Cette réaction est appelée réaction de Diels-Alder (Otto Diels et de Kurt Alder,
chimistes allemands). La réaction de Diels-Alder est une cycloaddition [4π+2π]. Elle est dite cycloaddition
[4π+2π] parce que 4 électrons π venant du diène et 2 électrons π venant de l’alcène (communément appelé
diénophile). Le mécanisme de la réaction est un mécanisme concerté.
+
A-2- Aspects stéréochimiques des réactions de Diels-Alder
a- Conformation des diènes
Les diènes conjugués peuvent adopter deux conformations notées s-cis et s-trans. La conformation s-trans
est en général plus stable que la conformation s-cis. Mais l’état de transition d’une réaction concertée
nécessite que le diène adopte la conformation s-cis. Le diène et le diénophile s’approchent l’un de l’autre
dans des plans à peu près parallèles. Un diène qui ne peut adopter la conformation s-cis ne peut pas donner
de réaction de Diels-Alder.
b- Les diénophiles
Les composés présentant un niveau de réactivité élevé en tant que diénophile doivent posséder au moins un
substituant fortement attracteur d’électrons sur la liaison double ou triple carbone-carbone. Les dérivés
alkylés sont des diénophiles réputés médiocres.
c- Cinétique : règle d’Alder
La règle d’Alder stipule que la réaction s’effectue plus facilement (ou est accélérée) avec un diène riche en
électrons (substitué par des atomes ou groupe d’atomes donneurs d’électrons) et un diénophile pauvre en
électrons (substitué par des atomes ou groupe d’atome attracteurs d’électrons).
d- Stéréo spécificité de la réaction de Diels-Alder
L’expérience montre que l’action du butadiène sur le butène-2 est stéréo spécifique syn. Lors d’une réaction
de Diels-Alder, le diène et le diénophile s’approchent dans deux plans parallèles afin de permettre un
recouvrement axial ( approche supra-supra ).
+
+
(méso ou cis)
(thréo ou trans racémique)
(cis ou Z)
(trans ou E)
Δ
Δ
Les réactions concertées
e- Régiosélectivité
Outre la stéréo spécificité syn., la réaction de Diels-Alder est régiosélective. Cette régiosélectivité de la
réaction de Diels-Alder est sensible à la nature des substituant portés par le diène et le diénophile.
A priori, la cycloaddition de deux composés dissymétriques peut donner deux adduits différents résultant des
deux orientations relatives possibles des produits de départ.
+
tBu
CO 2 CH 3
tBu
CO 2 CH 3
tBu
- CO 2 CH 3 produit majoritaire
La régiosélectivité ne semble pas être gouvernée par l’effet stérique, puisque dans la réaction, le produit
majoritaire est le plus encombré (deux substituants adjacents).
Dans le cas de la cycloaddition de deux composés dissymétriques, les deux orientations possibles peuvent
conduire :
+
tBu tBu
CO 2 Me
tBu CO 2 Me CO 2 Me
tBu
ou
(I)
(II)
On obtient environ 70% de (I) pour 30% de (II), ce qui semble en désaccord avec le contrôle stérique. C’est
donc le contrôle orbitalaire qui fournit la réponse en cherchant la liaison qui se forme en premier le plus
facilement et qui bloque ainsi l’orientation.
Devant la complexité des diagrammes des orbitales moléculaires, on peut se contenter d’une approche dans
la théorie de la mésomérie :
t-Bu (^) t-Bu , soit t-Bu
3 (^14)
2 δ+ (^) δ−
MeO O MeO O
, soit MeO 2 C
δ+
effet donneur
effet attracteur
6 5
Les effets électrostatiques ne semblent pas non plus en cause puisqu’on obtient la même sélectivité que l’on
ait un groupe donneur (OEt) ou un groupe attracteur (CN) sur le diène.
Les réactions concertées
EtO CO 2 CH (^3) EtO CO 2 CH 3 EtO
CO 2 CH 3
NC CO 2 CH 3 NC CO 2 CH 3 NC
CO 2 CH 3
+ +
+ +
non observé
84% 16%
f- Stéréosélectivité : règle de l’endo
Pour un diénophile non symétrique, deux orientations stéréochimiques par rapport au diène sont possibles.
Les deux orientations possibles, appelées endo et exo sont illustrées dans le schéma ci-dessous. La réaction
de Diels-Alder peut donc conduire à deux composés d’addition diastéréoisomères, dénommés endo et exo.
Dans l’état de transition endo, le substituant de référence sur le diénophile est orienté vers les orbitales π^ du
diène. Dans l’état de transition exo, l’orientation du substituant s’éloigne du système π. Le mode d’addition
endo est habituellement favorisé quand un substituant insaturé, comme un groupe carbonyle est présent sur le
diénophile.
L’expérience montre que sous contrôle cinétique, un seul produit est obtenu: c’est le produit endo. C’est une
observation pratiquement systématique dite « règle de l’endo». Dans des conditions de contrôle
thermodynamique, c’est le produit exo qui est majoritaire car il est plus stable que le composé endo.
H X
H 3 C
Y
CH 3
X H
H 3 C
Y
CH 3
addition endo
addition exo
CH 3
CH 3
H H^ Y
X
CH 3
CH 3
X Y^ H
H
X
H 3 C
Y
CH 3
H 3 C
X CH 3
Y
Addition endo et exo lors d'une réaction de Diels-Alder
Envisageons la réaction du cyclopentadiène avec l’anhydride maléique. On peut à priori deux types de
stéréochimie pour le cycloadduit :
Les réactions concertées
O
O
O
O
O
O
approche exo
approche endo
O
H H
O
O
H H
O^ O
O
produit minoritaire exo
produit majoritaire endo
L’addition de diénophiles sur le cyclopentadiène, par exemple, favorise habituellement le stéréoisomère
endo, même s’il est plus encombré. Les prévisions stéréochimiques s’appuyant sur la règle d’Alder se font,
en général, en disposant le diène et le diénophile de telle façon que tout substituant insaturé du diénophile
recouvre le système π du diène.
Plusieurs facteurs contribuent à déterminer le rapport endo/exo de chaque cas spécifique, par exemple les
effets stériques, les interactions dipôle-dipôle et les forces de dispersion de London.
Les interprétations s’appuyant sur les orbitales moléculaires font valoir les interactions orbitalaires
secondaires entre les orbitales π du (des) substituant(s) du diénophile et la liaison π se formant entre C2 et
C3 du diène. Il y a peu d’exception à la règle d’Alder, dans la plupart des cas, la préférence pour l’isomère
endo est relativement modeste.
g- Interprétation de la règle de l’endo
La seule méthode qui permet d’expliquer la formation plus vite du composé endo le moins stable est la
méthode des orbitales frontières. Ceci peut, en général, s’interpréter par des interactions secondaires
favorables entre orbitales frontières, ne faisant pas intervenir les atomes de carbone directement dans la
formation du nouveau cycle.
Exercice d’application
Préciser la régiosélectivité de la réaction :
EtO ?
Solutions
Dans :
EtO δ+ COOCH 3